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Artistes-auteurs, enfourchons le tigre !

Oui, je sais, je n’arrête pas de m’amuser de cette étrange expression. Et pour cause, je ne m’en remets toujours pas ! Qu’est-ce qui est passé par la tête de notre cher président lorsqu’il a encouragé les artistes à « enfourcher le tigre » ? Je veux bien croire à l’importance de la métaphore dans la rhétorique politique, mais tout de même…

Nous voilà, artistes-auteurs, victimes comme tant d’autres d’une brutale crise économique et sociale, à devoir enfourcher un tigre sans savoir de quel félin il s’agit. Personnellement, j’adore la gent féline mais je n’irais pas taquiner une grosse bête pleine de dents, même si elle ronronnait ! Si je ne parle que de ce que je connais, à savoir l’autoédition, la situation est pour le moins difficile. Ventes en berne pendant le confinement, librairies fermées, événements littéraires annulés… Mais en fait, quand j’en discute avec mes collègues, je constate que nous nous sommes tous habitués à une situation qui est seulement « un peu pire » (pour citer Houellebecq) par rapport à l’ordinaire.

Et je parle des auteurs indépendants, mais c’est tout le secteur du livre qui est concerné : les auteurs édités dont les ventes ont chuté ou dont la maison d’édition a fait faillite ; les petits éditeurs qui mettent la clé sous la porte, et les grands qui se concentrent sur leurs auteurs phares ; les libraires éprouvés par plusieurs mois de fermeture et une reprise timide ; ainsi que de nombreux autres acteurs du livre ; petites mains qui font beaucoup et dont on parle fort peu : correcteurs, maquettistes, graphistes, illustrateurs…

Le secteur du livre, s’il souffre autant aujourd’hui, est dans un état de fragilité depuis des années déjà. Parce qu’il repose sur un système qui ne convient à personne, ou presque. Pas aux auteurs autoédités, qui doivent lutter durement pour se faire une place au milieu de milliers de nouveautés et qui n’ont pas accès à un système de diffusion satisfaisant ; ni aux auteurs édités, mal payés et dont la plupart ne sont pas beaucoup mieux diffusés que les indépendants ; non plus qu’aux éditeurs, en particulier les petites structures dont la diffusion est un problème et dont l’investissement est parfois supérieur au bénéfice ; ni aux libraires, eux qui pourtant, sur le prix de vente d’un livre, reçoivent une part majeure, mais qui manquent cruellement de clientèle. Ni aux illustrateurs, correcteurs, mal payés, mal considérés.

En fait, ce système ne convient qu’aux très grands groupes éditoriaux, qui cumulent édition, diffusion, distribution et même vente. Ce sont eux qui font la pluie et le beau temps de la littérature française, envahissant les magazines littéraires, les médias, les librairies. Un système injuste, un cercle vicieux dans lequel il est très difficile de se démarquer.

Aussi, quitte à enfourcher le tigre, c’est l’ensemble de ce système essoufflé qu’il faudrait réformer pour, enfin, donner sa chance à chacun. Et ne pas nous habituer, nous résigner même à un fonctionnement inique qui ne satisfait personne. Et bien sûr, on pourrait parler des autres artistes, hors secteur du livre : musiciens, comédiens, peintres, etc, qui ont le plus grand mal à exercer leur métier ces derniers temps. Je pense notamment à ma sœur dont tous les concerts ont été annulés, et son école de musique fermée. Mais je ne m’étendrai pas sur le sujet, que je ne connais pas assez pour en parler. Sur ce, je vous dis à bientôt, je vais chercher du jambon et du fromage à la cale, et je laisse la conclusion aux Goguettes (en trio mais à quatre) :

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